Se défaire du sentiment de culpabilité

Réponse à une femme musulmane qui demande comment se libérer du sentiment de culpabilité

Chère Y,

Le sentiment de culpabilité frappe à la porte de tout le monde, et pas uniquement à ta porte.

Il est vrai qu’il est parfois plus virulent chez certains que chez d’autres.

Il plonge ses racines dans notre enfance et s’est formé dans des situations où nous avons eu peur de mécontenter les personnes dont nous dépendions, nos parents en premier. Ce sentiment d’avoir suscité le mécontentement de ces personnes était associé à une vraie menace de survie. Pourquoi ? Parce qu’étant enfant, nous ne pouvions pas nous assumer et nous dépendions pour notre survie de l’acceptation et l’amour des personnes adultes qui avaient la charge de subvenir à nos besoins.

Comme pour d’autres sentiments et émotions désagréables que nous ressentons au présent, les vraies raisons de ces sentiments sont enfouies dans notre passé et ne sont pas l’effet direct de la situation présente. Mais comme la situation présente les réveille en nous, nous pensons qu’elle en est la cause.

Il y a plusieurs moyens de se défaire de ce sentiment désagréable :

1 - Pour une personne croyante, il faut se rappeler que Dieu est amour, Il nous a créés par amour. Nous sommes Ses enfants.

En tant que mère, quel que soit ce que ton enfant peut faire, ton cœur de mère aura toujours de la compassion pour lui, et tu ne peux que lui pardonner. N’est-ce pas ?

Le Soleil ne juge pas, il brille sur les « bons » et les « méchants ». Ne penses-tu pas que le créateur du Soleil qui est amour a autant de compassion que le soleil qu’il a créé ?

Tu connais la différence qu’on fait entre les deux noms de Dieu « Rahman » et « Rahim ». Dans « Rahman », il y a la possibilité de la récompense et du châtiment, mais seulement la possibilité. Alors que dans « Rahim », il n’y a que la compassion. C’est pourquoi « Rahim » est toujours cité après « Rahman », pour confirmer ce que Dieu a dit « katabna aala anfousina al rahma » (Nous Nous sommes engagés à être compatissant).

L’idée de châtiment a été introduite par les hommes pour faire peur. Mais Dieu qui est amour n’a pas envie que Ses enfants l’adorent par peur, mais par amour. Comme toi tu as envie d’inspirer l’amour à tes enfants et non la peur.

Avoir une relation de peur avec Dieu, c’est le limiter et le ramener au niveau d’un maître d’école dont on a peur du châtiment. Alors que Lui-même a dit « Rahmati wasiaat koulla chay’ » (Ma compassion a embrassé toutes choses).

2- Pour les personnes croyantes ou non croyantes, il faut se rappeler qu’on attire chez les autres les comportements qui résonnent énergétiquement avec nos peurs.

Ça se passe à un niveau inconscient. Dans toute interaction, il faut un émetteur et un récepteur. S’il n’y a pas de récepteur, l’émetteur ne produit aucun effet. Là où tu te trouves en ce moment, il y a plein d’ondes de toutes sortes : radiophoniques, télévisuelles ou d’Internet, mais si tu ne te branches à aucune d’entre elles avec un poste récepteur, elles restent toutes muettes.

D’autre part, une compréhension profonde de l’existence nous révèle que la notion de libre arbitre n’est pas solidement fondée. Nos décisions et nos comportements sont le résultat de conditionnements inconscients et l’aboutissement d’une longue chaine de causes et d’effets. On a l’illusion de croire que nous sommes libres de décider.

Les maîtres en Inde le savent très bien qui répètent souvent « you are not the doer » (tu n’es pas le faiseur des actions). Par « you », ils veulent désigner la personnalité limitée. C’est le Divin en nous qui agit à travers nous. Ce qui est confirmé par cette parole arabe « Seigneur, je veux et Tu veux et il n’arrive que ce que Tu veux ! »

Enfin, il nous arrive de dire ou de faire quelque chose à quelqu’un que nous regrettons juste après. Mais, qui sait, peut être que ce que nous avons dit, cette personne devait l’entendre, et ce que nous avons fait devait lui faire prendre conscience et la faire évoluer. Ce qui parait blessant pour l’ego et que nous regrettons peut s’avérer bénéfique pour l’âme et sa libération.

L’important est d’agir toujours en pleine conscience et de faire de son mieux.