La liberté intérieure : au-delà des limites du moi

Lettre d'accompagnement qui révèle comment transcender le sentiment d'enfermement en se connectant à cette dimension éternelle et illimitée qui réside en chacun de nous

Cher M,

Quand je t’ai vu tout à l’heure, j’ai ressenti cette sensation d’enfermement qui t’habitait. Tes questions résonnent encore en moi : « Que peut-on faire ? », « Où peut-on aller ? », « Comment tu fais pour te dépasser ? ». Dans tes mots, j’ai reconnu cette soif profonde que nous connaissons tous — celle de transcender nos limites, de sortir de cette cage invisible que nous construisons autour de nous.

Ma réponse, celle qui vibre au plus profond de mon être, c’est que je me dépasse en me focalisant sur ce qui me dépasse. Cette vérité peut sembler abstraite, mais elle est la plus concrète qui soit. Il existe en nous et autour de nous quelque chose de plus vaste que notre petite personne avec ses pensées tourmentées et ses émotions changeantes. Cette Présence — appelle-la comme tu veux — ne se perçoit pas avec nos sens, mais elle est là, constante, immuable. Elle m’envahit et je baigne dedans à la fois, dans cette danse mystérieuse entre l’intérieur et l’extérieur.

Vois-tu, M, ma personne, mon image, mon avenir, mes réalisations, mes possessions — tout cela passe au second plan devant l’essentiel : garder ma connexion intérieure. Cette connexion, je la cultive par le rappel constant de cette Présence, en m’appuyant sur le souffle — cette seule chose qui nous accompagne fidèlement du premier au dernier instant. J’use aussi de la gratitude comme d’un fil d’or, car lorsque tu dis merci à quelqu’un, tu ne peux pas l’oublier. Et cette reconnaissance nous relie instantanément à ce qui nous dépasse.

Nous portons tous en nous une dimension stable, immuable, qui traverse les tempêtes de la vie quotidienne et les marées de nos états d’âme. Quand nous nous identifions uniquement à notre petit moi, nous voilà pris dans l’éternelle dualité : le bien et le mal, la joie et la tristesse, le succès et l’échec. Nous devenons ce bateau balloté par les vagues, à la merci de chaque bourrasque. Mais lorsque nous gardons notre focus sur ce qui nous transcende, sur cette partie de nous qui est infinie et éternelle, nous accédons à une stabilité intérieure qui défie toute logique. Nous réalisons alors que même si les vagues sont là, déchaînées, notre essence profonde reste intacte, inébranlable.

Ce n’est pas une question de religion ou de spiritualité au sens dogmatique — c’est une question de perspective intérieure, de reconnaissance profonde. C’est accepter que je suis bien plus que ce que je ressens en ce moment, bien plus que mes peurs, mes doutes ou mes élans. C’est toucher du doigt cette vérité bouleversante : mon être véritable ne peut être enfermé.

Comment faire concrètement ? Les chemins sont multiples et personnels. Cela peut passer par des moments de silence où tu te retrouves face à toi-même, par la contemplation qui ouvre les portes de l’intérieur, par la connexion à la nature qui nous rappelle notre appartenance à quelque chose de plus grand. Ou simplement par le fait de te souvenir, consciemment, de cette dimension plus grande en toi. Chaque fois que tu te sens enfermé, essaie de ramener ton attention vers cette partie de toi qui est libre et illimitée. Elle n’a jamais cessé d’être là, attendant patiemment que tu la reconnaisses.

Tu sais, M, nous avons tendance à vouloir libérer notre petit moi de ses limites étriquées, à forcer les barreaux de notre cage. Mais comme il a été dit avec justesse : « On ne peut pas libérer la personnalité, mais on peut se libérer de la personnalité ». Comment ? En portant notre attention au-delà d’elle, en reconnaissant que nous ne sommes pas nos pensées, nos émotions ou nos circonstances, mais la conscience qui les observe.

Nous avons tous cette capacité miraculeuse de nous dépasser, non pas en fuyant ce qu’on ressent — car la fuite ne mène nulle part —, mais en nous ancrant dans ce qui est éternel en nous. Continuer à ignorer cette dimension essentielle de nous-mêmes, c’est nous vouer à une éternelle insatisfaction parsemée de moments de détente éphémères. C’est choisir de vivre en surface alors que les profondeurs nous tendent les bras.

L’enfermement que tu ressens n’est pas une fatalité, M. Il est un appel, une invitation à plonger plus profond, à retrouver cette liberté intérieure qui ne dépend d’aucune circonstance extérieure. Elle est ton droit de naissance, ton héritage le plus précieux.

Avec toute mon affection et ma confiance en ta capacité de transcendance.